La maison dans laquelle de Maryam Petrosyan

 


Il y a des livres-maisons.

On ne les lit qu’à la condition de les habiter. Ce ne sont pas des livres-couloirs qu’on traverse pressé, ni des livres-escaliers qu’on monte méthodiquement, palier par palier. Ce ne sont pas non plus des livres à champ ouvert où l’on peut courir et interpréter dans tous les sens. Ceux-là ont moins vocation à raconter une histoire qu’à nous permettre d’y vivre à moment et de nous familiariser avec leur architecture, souvent baroque et biscornue. Tristan Garcia

Un livre foisonnant de détails, de point de départ narratif, de recherche autour de la langue. Réaliste malgré la fiction fantasmagorique. Il est remarquable de finesse sur l’humain et son fonctionnement tout en gardant une grande part de liberté approchant l’absurde ou le rêve.

Un imaginaire débordant même si l’on ressent finement (tristement) la prise d’appui sur des systèmes existants. Pour ceux connaissant les ITEP, Foyer de l’enfance et/ou IME, on retrouve un bouillonnement tendu à l’extrême et croisé de tous ces lieux, ces instances, ces fonctionnements, narré explosivement.

Un univers de cabossé et d’âme en survie.

C’est beau dans toute la détresse qui s’inscrit et qui survit.

Une superbe épopée chez les éclopés de ces vies existant dans nos sociétés mais que l’on garde souvent bien cachés.

Une maison dans laquelle il se passe, il se dit, il s’entend, il se crie.

Une œuvre impressionnante, joyeuse, aventureuse, fraternelle. Peter Pan et Alice aux pays des merveilles dans un foyer pour enfants écorchés.

Un pavé-monde traduit avec grand soin qui mérite la plongée.

Monsieur Toussaint Louverture, 18 février 2016

Traduction du russe par Raphaëlle Pache, 960 pages


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