Simple de Julie Esteve



Abruti, ahuri, andouille, arriéré, bêta, ballot, cloche cornichon, couillon, crétin, cruche, débile dégénéré, emmanché, faible d'esprit, fou, ignorant, idiot, imbécile, jacques, manche, niais, nul retardé, sot, stupide, simple d'esprit, simple, baoul…

Qu’il en existe des mots, des insultes, des méchancetés toujours plus élaborés pour désigner la différence, ou plutôt nommer notre intolérance à cette différence.

Simple, ce n’est pas seulement l’histoire d’Antoine mais d’Antoine et de Florence, malmenés tous les deux, abimés par la haine, la vilénie et la bassesse des hommes. Ce que seul l’homme peut faire à son prochain.
Le drame couve, on le voit arriver tout comme l’opprobre s’abattre sur celui tout désigné, le baoul, celui que tout le monde souhaite coupable. Car il est bien plus simple d’imaginer le mal associé à la différence que le mal chez Monsieur tout le monde. Parce que suspecté tout le monde reviendrait presque à se suspecter soi-même, accepter sa part d’ombre et ces possibilités toujours plus infinies et infamante d’atteindre l’autre.

Ce roman est attendrissant, bouleversant, incisif. Comme une envie de pleurer pour Antoine, sur Antoine. De pleurer sur notre inhumanité si humaine pourtant. Un espoir aussi pour ceux qui osent être autre, être en lien, qui traitent l’altérité avec bienveillance, humanité et qui parfois sont acteurs et accompagnateurs de résilience. Comme Madeleine, cette douce institutrice qui prend en compte, qui fait en sorte qu’Antoine compte, parce que sans amour, la violence parfois devient le seul repli.

« Même qu’elle m’a dit la plus belle phrase depuis que je suis né : Heureusement que t’es là ! »

Stock, 22 aout 2018
208 pages

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