Nuits Appalaches de Chris Offutt



- Il y a plus d’une façon d’obtenir des réponses, dit Hattie. Je vais vous expliquer quelque chose. Vous posez une question directe, oui ou non, vous n’aurez rien. Les gens d’ici ne pensent pas de cette façon. Avec une question directe, ils se diront qu’il y a une bonne réponse et une mauvaise. Et ils ne diront rien par peur de se tromper. – Comment peut-on se tromper en étant honnête ? – Quand celui qui pose la question a une idée derrière la tête. La police fonctionne comme ça. Les professeurs et les médecins aussi. Et là, vous faites pareil. Moi non, et c’est pour ça qu’ils ont confiance en moi. Je sais que vous êtes mon chef, docteur Miller, mais dans les collines les choses ne sont pas si simples (…). Ici, rien n’est blanc ou noir. Tout est gris.

Comment protège-t-on ? Comment évalue t on la vie de l’autre, celle qui ne nous ressemble pas ? Comment définir l’amour et l’attention ? Et quand bien même, aimer est-ce suffisant ? Comment savoir ce qui est le mieux ? L’interventionnisme est-il toujours la meilleure solution ou simplement la plus normée ? Ce roman a réveillé en moi  les questionnements permanents et parfois douloureux du travailleur social consciencieux et rigoureux soumis aux absurdités d’un système défaillant. Le professionnel pleurant son  éthique et ses valeurs face à l’inhumanité parfois hurlante des décideurs.

Avec la violence du désespoir d’une vie miséreuse, une famille cherche à survivre et à protéger les siens. Ce roman noir est sauvage, brut et sanguin. Cette famille défiant les standards et les lois est touchante et leur destinée révoltante. On crie à la justice et on appelle à la rédemption.

Gallmeister, 7 mars 2019
240 pages
Traduction : Anatole Pons


La pure immensité du ciel nocturne lui avait manqué, avec le minuscule amas des Pléiades, l’épée d’Orion et la Grande Casserole qui indiquait le nord. La lune était gibbeuse, à peine visible, comme si quelqu’un avait croqué dedans. L’opacité du ciel s’étendait dans toutes les directions. Les nuages bloquaient les étoiles, conférant à l’air une profondeur insondable. La limite des arbres avait disparu et les crêtes des collines se fondaient dans cette noire tapisserie. C’était la nuit Appalaches. Il ferma les yeux, apaisé.

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