Tu seras si jolie de Pierre Rehov
«
Alors que la nôtre, a-t-elle conclu son papier, pèche sans doute par son
obsession de l’apparence, au point de réduire les femmes à une forme
d’esclavage, tant leur physique a de l’importance dans une société qui confond
bonheur, plaisir et tentation, la culture dont sont issus les jihadistes ne les
conduit à haïr vraiment qu’une forme de liberté : celle qui permettrait à leurs
compagnes de rompre le joug et devenir leurs égales. Il s’agit là de deux
conceptions de société antagonistes par essence, au centre desquelles se
retrouve le rôle prépondérant de la femme… et son influence sur le petit
honneur des mâles. Notre liberté, notre essence même en tant que femmes, passe
forcément par un rejet des illusions associées à une certaine idée de
l’apparence. Car, comme l’écrivit si justement Simone de Beauvoir : “La beauté
se raconte encore moins que le bonheur.”
Teinté d’humour cynique, Tu seras
si jolie évoque la fragilité humaine à son paroxysme. Les blessures insondables
et invincibles poussant à toutes les actions même les plus humiliantes même les
plus avilissantes, même les plus méprisables et haineuses. L’acculturation
entraînant toujours plus d’obscurantisme. Un constat désolant mais engagé et
engageant.
Belfond, 14 juin 2018
400 pages
Autour de cette
lecture :
Un roman : Khalil de Yasmina Khadra pour son traitement délicat de l’extrémisme.
Un essai : Beauté
Fatale de Mona Chollet
Un album jeunesse : La belle airelle de Charlotte Erlih et Chloé Fraser contant
l’histoire d’une autruche élégante,
incapable de profiter du bonheur simple de la vie par coquetterie
exacerbée. Un joli pied de nez aux codes sociétaux enjoignant à la féminité
avant tout peu importe les conséquences. Un recentrage vers l’essentiel
Un film : Le
nom des gens de Michel Leclerc pour la dérision avec laquelle il traite de
sujets sombres et angoissant.
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