UnPur d'Isabelle Desesquelles



J’ai grandi avec Marion Wagon qui a disparu lors de nos 10 ans respectifs, j’ai grandi avec Marc Dutroux avec Natascha Kampusch, et je garde en moi une terreur absolue de l‘enlèvement et ces possibles, invisibles, invincibles.  L’enlèvement et cette absence de réponse pour ceux qui restent et qui dévaste tout. Prier pour qu’ils soient mort plutôt que claquemurés, abusés, violentés par des êtres déshumanisés qui calculent, préparent et qui osent même parfois évoquer l’amour.  

Comment survivre après des années d’accoutumances à l’épouvante, comment ne pas devenir le miroir de l’horreur vécue ? Comment ne pas reproduire la monstruosité ?  Comment ne pas perdre la raison ? Comment survivre lorsque toute inconscience a été aspirée, toute bienveillance digérée. Comment laisser poindre l’once d’humanité cachée, oubliée ? Existe-elle, même encore ?

Une lecture en apnée qui étouffe, noie, terrifie. Guidé par une écriture en dentelle, Isabelle Desesquelles telle une prêtresse déchirante traite ce sujet avec une délicatesse bouleversante. Chaque mot, chaque ligne se dégustent, nous imprègne, se veut émotion, transmission, ressenti. C’est douloureusement beau, infiniment triste et poétique. On en ressort vidé, désespéré, emplit d’un gouffre béant qui appel toute  l’humanité disponible pour espérer se combler.

Quelle noirceur mais quelle splendeur !

Belfond, 22 aout 2019

Autour de cette lecture :

Des films :
Mysterious skin de Gregg Araki, 2004
Room de Lenny Abrahamson,2015

De la lecture :
La nostalgie de l’ange d’Alice Sebold
La petite fille sur la banquise d’Adélaide Bon
Le livre noir des violences sexuelles de Murielle Salmona.

De la littérature jeunesse (car tout sujet mérite d’être abordé et la prévention est parfois la meilleure des alliées) :
Pour les plus petits :
Petit doux n’a pas peur de Marie Wabbes
Pour les plus grands :
La fille du canal de Thierry Lenain

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