Les crocodiles de Thomas Mathieu



N’en déplaise à certains, le harcèlement de rue n’est pas de la drague !

Evidemment il y a les petits mots sympas en passant, qui, tous les jours, deviennent un peu moins sympas. Et puis un bonjour c’est poli, c’est agréable me direz-vous, oui mais une appréciation de la tenue, de la physionomie et de la morphologie, ça l’est beaucoup moins.
Personne n’a envie de savoir en permanence ce que les autres pensent de lui surtout les entraperçus au coin d’une rue. Et lorsque c’est quasi en permanence, et oui parfois ça l’est, c’est vraiment pénible.
Le problème c’est donc d’abord la redondance. Mais s’il n’y avait que ça, on se dirait, aller passons. Mais les propos graveleux, sexuels et les insultes si on ne répond pas, ou si on ne répond pas comme il faut ou si tout simplement schizophrénique le mec à juste décider de se payer une bonne partie de punching-ball verbal et humain, ça devient intolérable. A condition que ça reste verbal bien entendu !
Parce qu’ensuite il y a les menaces, la masturbation, les attouchements et pire mais le pire n’est évidemment plus du harcèlement. Le problème c’est que tout ceci participe à une culture du viol bien ancrée. Si bien ancrée que certaines le défendent…
Peu importe Mesdames que ça vous convienne, si ça ne convient pas à certaines il faut que ça cesse et que la solidarité pour toutes celles qui se sentent malmenées chaque jour, prime à toute considération personnelle.
Il ne s’agit pas d’abolir la séduction mais juste de trouver la mesure, de penser au consentement. Le consentement, qui devrait régir toute relation sexuée ou non !
Nous sommes des êtres sociaux, des êtres d’échanges mais l’échange sous contrainte ne devrait pas être une option.
Le harcèlement de rue est un fléau et une violence pour celui qui le vit. Il peut déboucher sur des actes d’une extrême gravité parce que les limites sont sans cesse en quête de dépassement. Il atteint celui qui le vit dans sa psyché mais aussi dans son corps. Personne ne doit craindre de sortir dans la rue.
Alors Messieurs (oui parce que bien souvent ce sont des actes aux masculins, et non ce ne sont pas tous les hommes, heureusement !) : un sourire oui, un déshabillage concupiscent ou un attouchement non. Un bonjour oui, une insulte ou une menace, non ! La masturbation c’est chez soi !
Et le plus important, apprenons à nos enfants la notion de consentement et de respect de l’autre, c’est la base pour combattre les violences sexistes et sexuelles.
Cet ouvrage est à offrir et à diffuser notamment aux jeunes gens mais pas que... Pour que les filles n’aient jamais honte et qu’elle trouve des stratégies adaptées pour éviter les agressions supplémentaires potentiellement associées. Pour que les jeunes hommes apprennent à aborder l’autre avec respect sans le considérer  comme de la chair fraîche à dévorer.

Le Lombard, 24 octobre 2014
176 pages


A suivre
Les crocodiles sont toujours là de Juliette Boutant, Thomas Mathieu est sorti le 18 septembre 2019 aux éditions Casterman. 

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