Elles triment// Atelier Bric à Book 343




Soumises à l’obligation de vivre,
elles reviennent chaque jour
et triment.
Nourrir la famille, terreau de fertilité, abondante progéniture assoiffée.
Apporter sa contribution jusqu’à l’épuisement.

Chaque jour creuse un peu plus l’opacité de leurs âmes,
chaque jour la beauté du paysage provocante et insolente crie à l’injustice,
entraînant l’hibernation de la joie.

En elles, aucunes pensées,
seule l’action est récompensée,
peu importe si elle s’usent.
Elles luttent parce qu’il le faut,
parce qu’il en a toujours été ainsi
quand bien même des velléités de révoltes gronderaient  en elles.
Elles sont des femmes.
Une caste sans valeur, sans odeur, sans substance.
Invisibles,
elles s’enfoncent toujours un peu plus dans les ténèbres.

La lumière est éclatante,
La chaleur est écrasante
et les douleurs accablantes.
Les couleurs,
ocres,
reflètent l’âpre éclat du soleil
convoquant malgré lui,
la grisaille existentielle.

Les années passent et installe l’impondérable perte.
Parfois,
un soubresaut d’espoir affleure.
Attentives,
elles espèrent  le repos éphémère.

Rude est l’hiver dans le cœur de ces femmes.
Leurs corps lessivés,
leurs étincelles souillées.

A l’aube de leur vie,
elles passeront le relais à une autre anonyme
qui elle aussi s’éteindra peu à peu.

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