La femme révélée de Gaëlle Nohant
Tu m’avais recueillie sans poser de
questions et aidée patiemment à me reconstruire. Tu m’acceptais avec tous ces
morceaux brisés, tu devinais beaucoup et ne forçais rien, et peu à peu ta
douceur m’avait réconciliée avec la vie. Entre nous, l’amour est venu
lentement. Notre cohabitation respectueuse s’est muée en complicité, puis en
intimité. Mais tu as respecté ma part d’ombre, tu n’as rien dérangé. J’ai
appris à t’aimer, comme on se coule dans la musique en la laissant étirer le
cœur et l’âme vers d’infinies métamorphoses. Durant les heures où je t’écoutais
jouer, les soirées avec tes amis musiciens et écrivains qui transcendaient
leurs vies boiteuses pour en filtrer la lumière, je n’avais plus le sentiment
de devoir lutter contre le courant. J’acceptais de vivre avec cet inachevé, ce
vide inguérissable. Je te dois la part de joie et de paix de ces années, la
liberté que j’y ai trouvée. Même si tu soutiens que tu n’as fait qu’écouter le
chant de mon âme, qui se débattait dans l’obscurité mais aspirait à rayonner
au-dehors
Toutes illusions envolées, Elisa devient
Violet et part à la reconquête de sa vie, œuvre pour se sentir vivante. Elle
choisit la lutte malgré la perte. La création comme outil de survie et de
résurgence. Une vie dynamique, intrépide, engagée, parfois déroutante, et
souvent déchirante.
La femme révélée de Gaëlle Nohant est un récit fluide qui se lit
avec une déconcertante facilité. Légende d’un dormeur éveillé était très beau mais très dense, peut-être moins accessible. Surprise donc,
mais l’engouement reste présent.
L’autrice conte avec élégance, la
destinée de ses personnages qui auraient pu exister tant ils sont empreint de
réalisme et significatif d’une époque. Leurs personnalités sont relatées avec une
grande tendresse et on ne peut s’empêcher de les aimer.
L’héroïne, son Rolleiflex au
creux des yeux, saisit l’humanité. Partir pour rester en phase avec ses convictions,
pour fuir la violence et la menace. Une révolte sourde, pour rester digne et
authentique. Une envolée créative, un souffle aventureux. Un rappel d’une
époque politisée, réprimée, un goût amer d’actualité !
A travers Elisa c’est un vrai champ
de possible, d’amour de l’autre, de défenses des minorités qui nous emportent. J’aime
ce qui se devine de l’autrice à travers ses romans, les engagements, les
positionnements, les valeurs qui me
plaisent et que je partage. J’aime la douceur de la lutte, la violence conté
avec mesure mais fermeté.
Grasset, le 2 janvier 2020
384 pages
J'ai aussi beaucoup aimé ce roman. Mais j'aime ce que fait Gaëlle Nohant de façon générale.
RépondreSupprimerJe l ai découverte ac légende d un dormeur éveillé que j ai vraiment beaucoup aimé.
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