Souffre douleur de Bruce Mutard



T’es allé voir
Une école près de chez toi
T’as une idée
de l’enfer
tous les jours
pour celui qui détone
Tu sais combien de gosses
vont à l’école tous les matins
avec l’angoisse au fond du ventre
Non
(...) 
Aucune école
a le droit de laisser des élèves
agresser des gamins qui peuvent pas se défendre
avec les profs qui regardent

Regardez-moi maintenant

Je veux que mon visage soit gravé dans vos cranes
Je veux plus fuir
Je veux participer avec mes petits moyens
à la révolution
des exclus
des bannis

Je veux me venger
pas uniquement pour mon propre compte
mais pour tous les autres
Le 20 Novembre de Lars Noren


Souffre douleur est un récit autobiographique fragmenté presque dissocié. Comme si l’auteur ne pouvait réussir à décrire les évènements avec émotions sous peine de s’effondrer. La distance pour survivre à l’illustration de soi. L’auteur relate la souffrance et l’impuissance à y faire face. Le constat sans négation de l’impact majeur des mauvais traitements sur le développement, le bien être et la construction psychique, jusqu’à la violence sur soi ou sur les autres. La haine qui atteint tout et se tapie, dans chaque recoin, prête à resurgir au moindre souffle défaillant.


Le graphisme en noir et blanc et les trait simples ne m’ont pas séduite, je suis restée hermétique au style mais ce que transmet cette ouvrage est essentiel, il faut continuer d’évoquer les mauvais traitements, ouvrir les yeux sur ces autres qui observent, participe ou détourne le regard. Ces autres qui devraient être protecteur et agir en conséquence, et qui parfois, ajoute de la bassesse à l’humiliation.

L’auteur rappel que ces années ont provoqué chez lui un changement profond et insidieux. Le développement de ces troubles est venu bien plus tard mais il est la conséquence directe de cette soumission aux règles d’un jeu dont il ne souhaitait pas être la victime.

La fin se veut positive, l’auteur Bruce Mitard scande « j’ai réussi ». Il explique que sa guérison réside essentiellement dans sa capacité à maîtriser ses pensées dévorantes et enfermantes.  Dans les dernières planches il se livre sans fard, il laisse émerger l’émotion, peut-être parce que le positif l’emporte ?

Trouver sa place, se reconstruire, survivre ! Un slogan qui pourraient suffire à résumé cette œuvre qu’il semble  utile de diffuser afin de prévenir le harcèlement !

Editions çaetlà, 17 mai 2019
192 pages

 Mais je pense plus
au suicide
Trop simple
Ce serait
trop simple
Avant j’y pensais
tous les jours
Le matin le plus souvent
avant d’aller à l’école
C’était les moments les plus noirs
8,9,10 heures du matin
Je pensais
à ce qui m’attendait
comment les profs allaient me traiter
je pensais aux élèves
qu’est ce qu’ils préparaient comme
saloperie
et j’arrivais à l’école et je les entendais rire

 Je viens de le dire
la seule chose que j’ai apprise à l’école
c’est que je suis un loser
Le 20 novembre de Lars Noren


Autour de cette BD:
A lire:  Le 20 Novembre de Lars Noren 
A voir: Elephant de Gus Vant Sant

Commentaires

  1. Je lis assez peu sur le sujet, mais en BD, pourquoi pas!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le 20 novembre de Lars Noren est vraiment sublime et révoltant. Il est très court et accessible je le conseille vivement. Raisons obscures d amelie Antoine est un roman agréable sur ce sujet!

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés