Le rouge n’est plus une couleur de Rosie Price


La lecture de ce premier roman est fluide, abordable mais traite d’un sujet complexe de façon peut être un peu trop lisse, trop distancié. Un je ne sais quoi qui n’a pas réussi a créé d’engouement. Un récit qui n’a pas été à la hauteur de mes attentes, de mes affrontements.

Je lis beaucoup sur ce sujet, sur les violences faite aux femmes, incrustées, acceptées dans nos sociétés patriarcales. Ceci explique peut-être mon absence de ferveur? 
Est-ce la traduction qui ne transparaît pas suffisamment l’émotion ? Est-ce l’histoire qui est longue, banale et tarde à dire le spontané, le fondamental? On trouve comme une impression de leçon donnée par l’autrice à ses lecteurs, comme si elle ne faisait pas confiance en nos capacités à comprendre les subtilités de son texte. La psychologie des personnages en est complètement clichéisée.

Pourtant elle exprime plutôt clairement l’impossibilité de vivre normalement après un viol. Elle dit cet homme qui prend, comme nombres d’hommes, ce qu’on ne lui a jamais donné mais qui se justifie, qui se légitime en pensant savoir ce que l’autre souhaite. Elle dévoile les professionnels qui n’entendent pas, qui ne veulent peut être pas voir? Elle décrit le lent processus de déconstruction psychique qui s’installe. Les peurs, les incertitudes, les empêchements qui se mêlent pour pétrifier tous projets, qui limitent l’avenir à ce seul acte subit et la question unique qui en découle. Comment faire pour s’en sortir ? Comment vivre avec ce qu’il a fait ?

Certains mots m’ont paru vulgaires et inappropriés, ils m’ont dérangés je ne les ai pas toujours trouvés fins, ni justes, ils ont accrochés mon regard et mon esprit, ils n’étaient pas à leur place dans ce roman, avec ce sujet-là particulièrement.

Ce roman qui dit, mais sans grâce particulière et finalement plutôt en surface. Qui évoque fidèlement les mécanismes du viol mais qui m'a ennuyé. J’ai compris, je comprends, mais je n’ai pas ressenti d’attachement particulier pour les protagonistes. Comme si l’autrice nous maintenait intentionnellement à distance en nous détournant de l’essentiel, un constat dommageable étant donné le propos.

Grasset, le 11 mars 2020
416 pages
Traduction de l’anglais par Jakuta Alikavazovic


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