La première faute de Madeleine Meteyer
Elle sait qu’il a
raison. Qu’elle a tout sacrifié à la paix. La paix est une bête qui a toujours
faim. Donne-moi, Valentine, a-t-elle exigé, ce qui te fait vivre, donne-moi tes
doutes, tes idées, tes instincts, tes rages et tes principes… En échange, c’est
promis, tu fermeras chaque soir les yeux en même temps que ton mari. Donne-moi
ton âme, Valentine, je te donne le sommeil. Mais qu’est-ce que cette paix, au
fond ? Rien qu’un désintérêt pour toute profondeur, pour tout
questionnement n’ayant pas trait à l’heure du repas, au programme du ciné.
La première faute est un roman moderne qui chatouille. Il touche les
cordes sensibles des grands questionnements sociétaux qui nous abîment, nous
divisent et nous détruisent même parfois. Mesquineries quotidienne, idéologie
contrariée. Un roman plutôt interpellant et douloureux sur la vie en couple, la
famille, la maternité et par extension le rapport à soi aux autres à ses
besoins, ses envies, et ses obligations.
Ici
on ressent une guerre d’espace, qui creuse la distance et étend le fossé en
tiédissant l’ l’amour avec comme paradoxe une fortification d’idées.
C’est
l’histoire d’une rencontre, d’une vie à deux qui prend corps et se transforme
en famille. C’est l’histoire d’un amour qui rassemblait malgré les discordances
d’idées et de valeurs. Un amour qui se fane avec le temps, le refus des
compromis, l’affirmation de soi. Une histoire qui déchire et tord les enfants
atteint par les névroses envahissantes de leur parents et leurs choix parfois,
sans concessions. Un roman acide, sur les rapports entre les êtres, la
difficulté d’être à l’autre, d’être parents. Et la solitude perpétuelle et
inébranlable, même en famille.
JC Lattès,
336 pages
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