Presque le silence de Julie Esteve
Je suis
totalement conquise par l’écriture de Julie Esteve.
J’avais beaucoup aimé Simple.
Ce titre
Presque le silence emporte déjà ma franche adhésion.
Ici les phrases courtes cinglantes blanches attrapent.
Une
langue qui cogne.
Ce n’est pas trop, c’est juste au bon endroit. Le travail sur la langue coule
sans fioritures.
J’aime
ce phrasé âpre et sombre qui nous embourbe dans la vie de Cassandre. De Pépé
Jean au fils providentiel, le lecteur veille une vie animée de tendresse et de
drame.
Une vie démantelée par un Oracle rugissant.
Les mots
comptent et lorsqu’ils signent la mort dès l'enfance, la dissolution approche.
C’est
juste et grave, triste et solaire. C’est un caillou coincé dans la gorge
qui cherche son souffle.
C’est beau.
Parfois
on se dit qu’un livre nous ressemble, qu’on aurait aimé l’écrire parce qu’il porte
un peu de nous, un peu de nos presque silence, suffisamment pour s’y identifier
sans plier.
La parole peut rugir
Le
silence habite les êtres consumés
Presque
le silence ou la démence qui pulvérise
Qu’est
ce qui fait l’âme craquée ?
Les
fragilités s’adossent pour ne plus porter les coups
La part
d’effondrement s’anime à portée de terre
Une
décompensation d’un trop plein de ratures sur le monde
Stock, 12 janvier 2022, 208 pages
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