Le prince à la petite tasse d'Emilie de Thurckheim
Un jour, j'ai dit : "Ils sont des milliers à dormir dehors.
Quelqu'un pourrait habiter chez nous, peut-être ?"
Emilie de Thurckheim nous livre
dans Le prince à la petite tasse, un témoignage de son quotidien tout en retenue
emplit de bienveillance et de pudeur.
Un récit plein d’humanité :
un accueil, doux, chaleureux et
respectueux de l’autre sans pour autant s’oublier soi, un merveilleux partage.
N’est-ce pas ce qui devrait être
le fer de lance de toute société ? A l’heure où l’on s’interroge sur le
fait de laisser mourir des êtres humains en mer plutôt que de les accueillir il
est bon de voir que certains qui le peuvent, pensent et agissent différemment.
Quelle jolie idée que cette
cabane accueillant toute la misère du monde, et si simplement chacun prenait sa
part ?
Au moment de son départ, Reza
demande pardon, pardon pour toutes les fois où il n’a pas compris.
Bouleversant, on aimerait nous aussi demander pardon à tous les Reza/Daniel qui
arrivent et/ou n’arrivent pas en France au péril de leur vie et à qui nous
n’offrons rien, rien qu’une nouvelle bataille désespérante pour vivre en
humanité.
"C’est une tache. Une tache sur ce début de XXIème siècle à peine
majeur. Cette tâche, ce ne sont pas les hommes, les femmes, les enfants -en bas
âge parfois- que nous envoient les guerres les violences et les dictatures en
tous genres. Cette tâche, c’est notre incapacité à traiter humainement des
êtres humains qui ont surmonté l insurmontable, la maltraitance des bourreaux
ordinaires, des trafiquants de misère, le cynisme intéressé des passeurs qu' on
appellerait bien "trépasseurs" si le mot existait. Face à l’afflux de
réfugiés, nos États opposent une défense qu’ils croient légitime puisque, selon
le vieil adage érigé en slogan, "on ne peut pas accueillir toute la misère
du monde". Pour autant la tâche s’étend sur notre pays, jadis pays des
droits de l’homme. Cette tâche, c’est un déni d’hospitalité, un mépris de
l’autre qui arrive certes illégalement et sans papiers, mais plus mort que
vif."
Eric Fottorino le 1 du 7 février 2018
Eric Fottorino le 1 du 7 février 2018
Merci madame de Thurckheim pour l’exemple que vous nous
livrer avec autant de simplicité.
Calmann-Lévy, 16 aout 2018
216 pages
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