Les simples de Yannick Grannec



Il en est souvent des êtres comme des simples, pense sœur Clémence, moins le sol leur donne, plus robustes ils sont. Les buissons des garrigues, habitués aux terrains secs et rocailleux offrent une force résineuse intense par comparaison à celle d’une herbe poussée sur une riche glèbe. Quant aux plantes des jardins clos, elles se montrent sujettes à la maladie et la complainte. 

Les simples évoque un monde complètement éloigné de ce que je connais. Une fiction terrible pour des conditions de vie me paraissant cruelles. S’infliger ce traitement de vie en autarcie et l’infliger à d’autres me semble complètement ahurissant. Au-delà de l’époque, c’est à la fois à mille lieux de mes valeurs pour les choix prônés et pour autant dans le rapport d’attention et de compassion entre les êtres, totalement en phase avec ce que j’imagine être la solution, pour une meilleure communion. Un rappel donc,  de la complexité de la vie et de sa couleur.

Je ne suis pas particulièrement friande de romans historiques mais celui est bien plus que cela, il a la grâce d’une complainte langoureuse et douce.

Tel le codex de Notre-Dame du Loup, ce livre est un objet délicat que l’on le découvre avec envie et dont on se délecte. Il est passionnant, c’est une vallée de poésie prenant des formes diverses permettant de cadencer le récit. Tous les mots semblent être choisis avec soin et précaution. Peut-être pas toujours facile d’accès, mais d’une grande beauté. Un hymne puissant à la nature et ces bienfaits. Un rappel qu’à portée de mains et de vision si on le souhaite, on peut changer nos modes d’existence et se sensibiliser à la terre.

Aussi, la figure de la sorcière, l’inébranlable façade féminine pas toujours tendre mais convaincue, femme libre et éclairée,  désignée comme coupable pour adoucir la haine des soumis, merveilleusement relatée par Mona Chollet est ici sensiblement narrée et abritée par l’auteure.

Un roman riche et profond auquel on s’attache comme à  un grimoire de famille longtemps remisé.

Toute chose contient déjà la fin,
Comme la fleur donne au fruit la naissance
En fol amour germe l’indifférence
Dernier soupir le premier cri étreint.

Editions Anne Carrière, 23 aout 2019
368 pages

Autour de cette lecture à lire évidemment Sorcières de Mona Chollet

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