Le courage des autres d'Hugo Boris



Grasset, le 8 janvier 2020
180 pages

Assumer. Je déteste ce verbe. Je déteste ceux qui l’emploient. Car il permet de dire que ce qui m’arrive, c’est parce que je le veux bien, et que même si je suis lâche, je veux cette lâcheté. 
Fabrice Neaud, Journal
Voici un récit activant les synapses réflexives ! On se souvient, on se demande : Comment j’ai réagi ? Comment j’aurais dû ? Comment  j’aurais pu ? On passe en boucle les faits divers, les agressions, mortelles parfois, les viols, qui ont lieu dans des lieux publics sans que personne n’interviennent, sans que parfois même personne ne voit. Porté par le collectif, on est plus fort pourtant, mais  parfois plus lâche aussi et plus invisible.

Je ne sais pas me taire, j’interviens sans filtre, parfois sans retenu ce qui m’a mise quelquefois en danger, c’est viscéral, un peu fou sûrement.  Autant pour certain la sidération agit, la crainte, l’égoïsme aussi, autant la rage me guide parfois dangereusement. Ce n’est peut-être pas mieux, peut-être pas plus sain. J’ai des réflexes de replis mais lorsque je suis témoin de violences ou d’injustices ma raison parfois déraille. Je ne vis plus dans une grande ville et les occasions se font rare, je suis de loin les méfaits d’humains malmenants.  Je bouillonne à distance. Les transports en communs sont vecteurs de tellement de promesses d’ailleurs, d’engagement sociétaux utiles et facilitants*et pourtant si confinés, si agressifs parfois. Un endroit propice à l’observation,  notre rapport à l’autre, les jugements, les interprétations qui nous gouvernent. Une nuée humaine fourmillante de comportements disparates d’une vie en société.

Cet essai très accessible évoque notre fonctionnement humain, nos manquements, nos combats.  Il démarque ceux qui parfois on sut agir avec bienveillance, pour secourir, soutenir et accompagner l’autre dans son désarroi et son impossibilité de faire ou de dire. Il nous interroge. Comment faire ce qui est juste ?  Qu’est ce qui l’est ? Y-a-t-il un modèle ? Est-ce les tripes, l’éducation, la construction identitaire apaisée qui décident ? Le juste est-il relatif ? Le courage découle-t-il du juste ? Est-on courageux en agissant selon ce que l’on croit profondément juste ?

Le courage existe en chacun de nous, il a des failles, mais il est présent, il suffit de le trouver et le laisser émerger. Il ne s’agit pas de déplacer des montagnes, de se mettre en danger,  mais de faire sa part. Si chacun fais sa part, le monde pourrait être plus juste. Il suffit parfois de presque rien pour désamorcer un conflit, montrer sa solidarité, celle qui rend plus fort et réjouit l’instant.

*oui oui, mêmes avec les grèves épuisantes, avant de réagir vivement à cet argument,  il faut d’abord venir dans les villages de contrées très éloignés des centres pour mieux comprendre l’élaboration du rien ou presque rien qui la ne facilite aucunement la vie des plus démunis ni des autres d’ailleurs !

Inspiration autour de cette lecture :
Un essai : Suite à un accident grave de voyageur d’Eric Fottorino
Un album jeunesse : On n’est pas des moutons de Claire Cantais et Yann Fastier



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