Calendrier de l'avent livresque 2019


Voici une très belle idée dans laquelle je me lance avec grand plaisir et qui permet de se replonger dans les lectures de l'année 2019!  Un bilan orienté et un défi agréable!

1 Ma première lecture de l’année :   Moi ce que j'aime c'est les monstres d'Emil Ferris
Une œuvre hybride d’exception que j'ai reçu pour Noel 2018 et dont je me suis délectée. Un monument de créativité un brin effrayant, pensé par une auteure à la persévérance impressionnante.

2 Le livre que j’attendais le plus : J’aime beaucoup les romans de Céline Lapertot, j’aime également son intensité manifeste. Lorsque j’ai vu le sujet de Ce qui est monstrueux est normal, sortie en Mai 2019 je l’ai tout de suite attendu avec impatience. Je l’ai acheté quelques jours après sa sortie et lu dans la foulée.  Autobiographique, ce récit diffère des autres mais il est servi par une plume tout aussi délicate. 


3 Le livre dont l’écriture m’a éblouie : Isabelle Desesquelles me fascine, c’est une auteure dont l’écriture dentelée est vibrante d’émotions. UnPur m’a véritablement impressionné tant par sa plume que son sujet sombre traité avec magnificence. Vous l’aurez compris, ce roman est un véritable coup de cœur, tout comme son auteure, que j’aimerais d'ailleurs beaucoup rencontrer. 



4 le livre le plus bref que j’ai lu : Evidemment si je dois choisir les plus courts,  il y a tous les livres jeunesses qui jalonnent mon quotidien et celui de mes filles. Les plus brefs seraient donc de ces albums là, qui sont relus parfois plusieurs fois par jour et qui sont tous aussi magiques les uns que les autres.  Je pourrais citer ici dans nos préférés pour les tous petits: Un peu perdu de Chris Haughton, A l’intérieur de moi d’Aurélia Gaud ou encore Bon voyage bébé de Béatrice Alemagna. 


Vous l’aurez compris question littérature jeunesse je pourrais être insatiable. Il y en a tant, pour tous les âges, et pour certains de véritables pépites participant harmonieusement à la construction et l'ouverture de nos petits. 

Du coté des adultes, j’ai choisi celui d’ Arnaud Dudek qui a une page de plus que Ce qui est monstrueux est normal de Céline Lapertot (que j'ai déjà évoqué alors pour une page de plus on ne va pas ergoter.
Tant bien que mal est court mais très percutant. J’ai aimé l’économie du langage pour dire l’obscur. Un roman qui exprime l'indicible, cette ignominie qui arrive à beaucoup plus d'enfants que l'on ne veut bien l'imaginer, parce que le mettre en mots contribue à le rendre réel et que parfois, le réel ne fais pas du bien!



5 Mon plus gros pavé : Un livre de martyrs américains de Joyce Carol Oates, dont j’ai achevé la lecture il y a quelques jours, et dont je mature encore la réflexion est assurément mon livre le plus dense lu cette année. De multiples sujets balayent ce roman qui bouscule les évidences et expose avec brio l’ambivalence de la vie. Un très grand roman !



6 La plus belle couverture : Je lis pas mal de romans graphiques qui rivalisent d’ingéniosité et de créativité au niveau de la globalité de leur œuvre mais également de la couverture. J’ai donc décidé de me concentrer sur une autre catégorie.

Celui qui m’est venu aurait pu être à la fois dans la catégorie « mes auteurs fétiches » (mais il n’y a pas cette catégorie) et dans le livre le plus bref. Il fallait que chacun des livres dont je souhaite parler trouve une place et la couverture de celui-ci est saisissante de grâce. Les âmes et les enfants d'abord d’Isabelle Desesquelles est un court récit délicat dont la couverture est aussi douce et épurée que le sujet est grave et profond. En prime, la plume de l’auteure, que j’affectionne particulièrement, est toujours un délice.



7 Le livre le plus dépaysant : L’intrigue des Simples de Yannick Grannec se situe en Provence à la fin du XVIe siècle. Il évoque l’utilisation des plantes trouvées en nombres dans la nature devenant médecine.  Il y est question également de religion, sa prépondérance dans ces sociétés, mais aussi de la place des femmes et les accusations de sorcellerie allant à leur encontre à la moindre insoumission. Un récit érudit et sublime !



8 La découverte d’un auteur : Je découvre souvent de nouveaux auteurs car j’aime la diversité et je choisis souvent de me laisser guider par les envies et propositions qui s’offrent à moi. Cette année ne fait pas exception, mes lectures sont en majorité une découverte de nouveaux auteurs.
J’ai donc choisis donc pour cette catégorie d’évoquer Des hommes couleurs de ciel d’Anais Llobet qui traite magistralement de sujets complexes et douloureux. Il évoque un régime dictatoriale peu connu et toujours à l’œuvre dont les exactions sont encore majeures pour ses opposants. Les mécanismes de construction du terrorisme y sont décortiqués finement.  L’ambivalence profonde également, face à la culture d’origine et l’affrontement que l’on peut ressentir viscéralement lorsqu’il faut se fondre dans une autre. Un roman essentiel !


9 Le meilleur personnage
Je triche un peu pour celui-ci puisque Tara Westover n’est pas fictive mais bien réelle et c’est donc sa vie qu’elle évoque dans Une éducation. Son récit se lit comme un roman, et sa vie est édifiante. C’est une femme forte qui a acquis une résilience impressionnante et a réussi un immense pas de côté pour vivre différemment des siens quitte à tout renier. C’est mon meilleur personnage de l’année assurément. 
L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde a dit Nelson Mandela. 



10 Le livre le plus déstabilisant : Suiza de Benedicte Belpois est sans aucun doute ma lecture la plus troublante cette année car je n’ai pas vraiment su comment la recevoir. Elle m’a mis mal à l’aise, je n’ai pas su en la terminant si j’avais adoré ou détesté, étrange sensation. Peut-être est je été trop en prise avec mes émotions pour pouvoir objectiver ma lecture mais j’ai ressenti un véritable rejet envers Tomas.  J’ai eu d’ailleurs beaucoup de mal à en dire quoi que ce soit et au moment où j’écris ces mots, il reste encore un je ne sais quoi qui me crispe. Je reconnais pourtant grandement les qualités littéraires mais la violence sous-jacente permanente m’a vraiment trop atteinte. Une chose est sur Suiza ne laisse pas indifférente.




11 Le livre le plus original : A la ligne, Feuillets d’usines de Joseph Ponthus est un long récit poétique sans ponctuation. Il évoque l’aliénation face au travail, la brutalité de la vie pour la survie. C’est un très beau coup de cœur qui réveille les consciences.


12 Le livre le plus instructif : Le très grand Sorcières de Mona Chollet est à découvrir, à déguster à clamer. Il secoue nos âmes ! A vos lectures femmes et alliés !


13. Le livre le plus émouvant : Dans cette catégorie, j’en ai eu pas mal cette année mais puisqu'il faut choisir, ce sera   Avec toutes mes sympathies d’Olivia de Lamberterie qui est douloureux, lumineux et superbement écrit. Un très beau récit sur le deuil et son irrémédiable perte qui s’atténue mais ne s’oublie jamais tout à fait.




14. Le livre le plus drôle :
Une colle s’offrait grandement à moi avec cette catégorie! En effet je ne lis que très peu de livres dit « Feel good» mais s’il faut en plus de l’humour…
J’ai donc cherché et trouver du côté de la littérature jeunesse, j’aime beaucoup la collection des Emile de Vincent Cuvellier, on se marre vraiment avec notre fille. Nos préférés : Emile est invisible Emile fait l’aventure et  Emile et le joint de culasse . Mais en réalité, c’est dur de choisir les préférés parce qu’Emile on l’aime vraiment à la maison !
              


Mon défi n’étant relevé qu’à moitié j’ai aussi cherché du côté littérature générale et j’ai fini par trouver !
Bon ce n’est pas non plus la grosse poilade assurée, mais Confidence à Allah de Saphia Azzeddine a un humour caustique et engagé qui m’a beaucoup plu. Le propos n’est pas forcément ultra ludique mais la plume acérée de l’auteure est plutôt subtilement ironique.
Cette année est ressorti une réédition du roman revu et corrigée. Je n’avais pas lu l’ancienne, mais j’ai beaucoup aimé celle-ci.



15. Un livre qui sort de mes habitudes : 
Adolescente je lisais beaucoup de récit autour de faits divers, de vies fracturées. Certains plutôt bien écrit d’autres beaucoup moins. J’ai porté cette énergie jusqu’à l’excès. Puis j’ai lu bien d’autres livres; des classiques, des policiers et depuis quelques années je lis essentiellement des romans et quelques essais. J’ai donc plongé dans l’Empreinte d’Alex Marzano-Leznevitch avec une petite réticence ou plutôt une petite appréhension quand à ce que j’allais trouver. Serait-il voyeuriste ou pudique, érudit ou sensationnaliste, la construction serait-elle sociologique ou n’aurait que l’allure d’un fait divers ? Les sujets croisés dont il est question dans le récit m’intéressaient, j’ai également via le bouche à oreille eu plutôt de bons échos.  Je me suis laissé tenter et n’en suis absolument pas déçu. C’est une lecture que j’ai eu du mal à mettre en mots mais que je recommande chaudement. Ce texte hybride entre l’enquête journalistique et les bribes autobiographiques est lumineux, réflexif, engagé et inoubliable !
Au passage l’entretien de l’auteure dans le dernier America est vraiment chouette et gagne à être découvert. A sa lecture l’appréciation du livre de l’auteur(e) a pris encore plus de valeurs à mes yeux. J’aime les valeurs et les questionnements qu’(elle/il) porte !




16 le livre que tout le monde a aimé sauf moi
Je ne pense pas que l’on puisse être le seul à ne pas aimer une lecture ! Il y aura toujours un lecteur qui partagera l’enthousiasme d’une lecture ou son rejet. Cette année j’ai lu essentiellement des lectures choisies. Parfois ce n’est pas le moment de lire tel ouvrage, alors je passe à un autre et me dit que si je dois y revenir je le ferais. Certains m’ont beaucoup plut d’autres moins.
Je n’ai pas détesté Dans la foret de Jean Hegland, elle m’a un peu dérangé. Je n’ai pas ressenti un engouement surpuissant pour cette fresque écoféministe. Pourtant sur le papier ce roman avait tout pour me ravir mais certains détails ont complètement envahit ma lecture et mon appréciation en a été altérée. Les propos anticipateurs du roman sont intéressants et réflexifs, je suis donc  sur qu’il toujours trouvera lecteur à son pied, mais je n’ai pas ressenti ce que semble avoir ressenti une grande majorité de lecteurs depuis de nombreuses années !


17 Le livre lu sur les conseils de quelqu’un : Une forêt d'arbres creux d'Antoine Choplin m’a été conseillé et même envoyé par Joëlle (les livres de Joëlle) ! Le but étant de le découvrir avant Festi'mots (festival littéraire en Janvier à Saint-Cyr-sur-Mont-d'Or puisque l'auteur y fera une lecture de son dernier roman. 
Quelle découverte! C’est une lecture bouleversante portée par une écriture épurée mais forte de sens, de valeurs et de d’engagements.


18 Le plus beau titre/ Le meilleur titre

Je ne voulais pas deux fois citer le même livre mais il y a quelques semaines Céline Lapertot a évoqué sa tristesse à l’idée que son récit ne serait pas lu par certains à cause de son titre rebutant. Et bien moi je le trouve parfait : poétique, significatif et vivant.  J’aurais d’ailleurs pu être attiré par ce simple titre !  Ce qui est monstreux est normal dit tout et plus encore.

Comme je souhaite aller jusqu’au bout de ma démarche une nouvelle lecture chaque jour : je choisirais Fugitive parce que reine de Violaine Huisman. Même dans le titre, l’auteure rend hommage à cette mère dévastée et dévastatrice. Un récit douloureux mais remplit d’amour.





19 Un prix littéraire : J’ai choisi celui auquel j’aurais donné les nombreux prix littéraires pour lesquels il a été en lice. Le ghetto intérieur de Santiago H Amigorena n’en a eu aucun mais  il le méritait franchement. Si je ne devais en choisir qu’un sortie cette année,  ça serait celui-ci parce qu’en plus d’avoir été une lecture importante, il reste inscrit dans la durée et se construit une place au creux de moi.  


20. Le livre le plus poétique : Laurent Gaudé a remporté la partie avec sa majestueuse Salina qui défie les hommes et construit des légendes.


21: Le livre le plus politique:  Ces hommes qui m'expliquent la vie de Rebecca Solnit est un recueil d'essais féministe. Il est l'arme pour la lutte qui ne devrait jamais se tarir car comme le rappelle Andrea Dworkin dans ma citation de l'avent du jour: "Le féminisme est détesté parce que les femmes sont détestées. L'antiféminisme est l'expression de misogynie la plus directe. c'est une défense politique de la haine des femmes". 




22 Un roman dont le héros a réellement existé : L'une d'elles de Una est un récit graphique autobiographique qui suit en parallèle l’affaire de l’éventreur du Yorkshire, un tueur en série ayant tué treize femmes entre 1975 et 1980. Il traite magistralement de la violence structurelle faite aux femmes dans nos sociétés contemporaines.


23. Celui qui ne rentre dans aucunes catégories
Je me suis dit que ce serait bien pour ce jour de parler poésie: J'ai découvert la maison d'édition Bruno Doucey il y a quelques mois maintenant et dans chaque recueil que j'ouvre je trouve de quoi m'emplir l’âme. J'aime leur choix éditoriaux, leur mise en page,  leurs couvertures si significatives et simples à la fois.
En ce moment, je découvre, déguste et conseille grandement Contre la nuit de Stéphane Bataillon, Kaddish pour l'enfant à naître de Caroline Boidé et Vénus Khoury Ghata et le tout dernier en date Beat Attitude recueil de femmes poètes de la Beat génération.

                    


24 Ma dernière lecture de l’année : 

Je ne sais pas encore la lecture qui sera l’ultime et sonnera la fin de cette année 2019 mais je vais passer ces prochains jours entre Zadig, Mes ancêtres les gauloises d’Elise Thiébault, Comme la chienne de Louise Chennevières et Septième étage d’Asa Grennvall. Quatre genres pour multiplier les plaisirs. Certains m’attendent sagement depuis quelques mois, d’autres sont arrivés par voie postale ou via mon calendrier de l’avent maison mais ils sauront bercés ces derniers jours de mots nourrissants.

Commentaires

Articles les plus consultés